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Mon objectif est Silverwood Lake ou je devrais trouver un terrain de
camping et peut-être un restaurant. Je n'ai toujours pas trouvé de
solution satisfaisante à mon problème de nourriture et j'ai faim tout
simplement. Je pense avoir perdu pas mal de kilos.
Le chemin est d'abord assez facile mais il fait de plus en plus chaud.
La première partie de la journée est assez agréable. Le chemin suit la
vallée en surplombant la rivière. Je croise souvent des randonneurs ou des
pêcheurs (la rivière est poissonneuse et réputée). C'est toujours le
traditionnel échange verbal "Hi. How are you?" "Well thank-you and you?",
avec bien sûr des variantes. Généralement ça s'arrête là mais parfois je
suis interrogé sur l'objet de ma promenade et là, c'est généralement la
surprise et l'admiration de mon interlocuteur. Hé oui! Finalement ce n'est
pas si souvent que l'on rencontre un "fêlé" qui prétend vouloir aller à
pied au Canada alors qu'il en est à plus de 4000km.

Au bout de la vallée, je passe en dessous d'un barrage et le chemin se
perd dans la végétation. J'ai du mal à trouver ma route qui doit traverser
la rivière. Je n'ai pas envie de me mouiller les pieds. Je suis rejoins
par Maggie, une jeune américaine très dynamique que j'ai rencontrée la
veille près des sources chaudes. Elle aussi cherche sa route. On finit par
traverser sans se mouiller. Elle me quitte bientôt, elle marche plus vite
que moi.
L'après-midi
est très chaude. J'ai vraiment hâte d'arriver et je rêve d'une boisson
fraîche. Bientôt, j'arrive en vue de Silverwood Lake. Le chemin le
surplombe et le contourne pendant plusieurs kilomètres. Vers 16h, j'arrive
à l'entrée du "Campground" et je m'adresse au gardien. Je voudrais aller
vers ce qui semble être une base de loisir avec bar, restaurant etc. Il
m'explique qu'exceptionnellement, on ne peut pas aller là, car il y a un
meeting officiel de policiers de la CIA. Je dois donc rester ici, où je
trouve quand même de l'eau, une douche et une place pour ma tente avec une
table et un banc. J'en espérais plus mais je m'en contenterai, demain, je
devrais avoir un restaurant et un hôtel.
C'est ici que pendant que je m'absente de mon campement pour prendre
une douche que ma tente est visitée par une bande d'écureuils qui en
quelques minutes ont ravagé mon sac de provision. Je dois dire adieu à mon
maigre repas du soir. Sales bêtes!

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Après une bonne nuit, comme d'habitude, je repars vers 5h 45, l'étape
doit être courte, à peine plus de 20km. Je devrais arriver à Cajon Pass
avant midi et là, merveille, il doit y avoir un Mac Do et un hôtel Best
Western. C'est donc le coeur léger et le ventre creux (sales bêtes!) que
je fais ma petite promenade matinale.

Cajon Pass.
Cajon Pass est un endroit dans la montagne où transite une
autoroute et une importante voie de chemin de fer sur laquelle on peut
voir circuler au pas, d'interminables convois ferroviaires de près de 100
wagons (j'ai compté).
Vers midi, donc j'entre dans le Mac Donald où je retrouve
quelques amis hikers. Il fait frais, il y a à manger et à boire, un petit
paradis!
Le reste de la journée se passe à l'hôtel avec douche,
lessive, sieste puis re-Mac Do le soir. Tout va bien.

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Objectif: Guffy Camp à environ 37km. Il y n'y a pas d'eau
avant l'arrivée et l'altitude doit passer de 3000 à 8000 pieds soit une
élévation de 1500 mètres. Ce n'est pas un record mais il faut partir avec
5 litres d'eau. Demain, je devrais facilement pouvoir arriver à Wrightwood.
C'est une petite ville avec tout ce qu'il faut, donc, je n'emporte pas
beaucoup de nourriture.
Finalement, la pente est douce et régulière et la journée
s'écoule tranquillement. Je craignais pire. Il fait chaud mais la vue sur
la vallée derrière et les montagnes enneigées devant.
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Pour finir, j'arrive à Guffy Camp. C'est un camping
sauvage, il n'y a ni eau ni toilettes mais il y a là quelques tentes et
camping cars, des tables et des bancs. On peut trouver de l'eau à la
source. Ce qui est plus difficile est trouver la source à quelques
centaines de mètres en contrebas dans la végétation. Je me souviens que
cette nuit là, les voisins étaient un peu bruyants. Quand il n'y a que des
randonneurs, c'est généralement très calme. La fatigue aidant, le sommeil
est vite trouvé.

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Une petite promenade de 8km environ, m'amène au bord de la
route qui mène à Wrightwood. La route est très peu passante et il me faut
attendre plus d'une heure avant de trouver une âme charitable. Je suis
récompensé en trouvant un petit hôtel bien sympathique et un supermarché
qui vend des super sandwiches.

Le sandwich du supermarché de Wrightwood.

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La journée commence par une petite séance de "hitch hiking"
(auto-stop) pour retourner sur le chemin. Après une courte descente, je
commence la montée sur le mont Baden Powell (du nom de l'homme qui a créé
le scoutisme) vers 2800 mètres. Le sac est lourd, je porte quatre jours de
nourriture. Bientôt aussi la neige ralentit ma progression. Vers le
sommet, je m'arrête au pied d'un pin qui est réputé pour son âge estimé à
plus de 1500 ans.
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Au pied d'un pin âgé de 1500 ans.
Ensuite, c'est la descente et j'arrive à un endroit où le
chemin est barré. La zone est interdite pour tenter de protéger une race
de grenouilles en voie de disparition. Je dois suivre une route sur
plusieurs kilomètres. C'est vraiment très désagréable de marcher sur une
route même si celle-ci comme c'est le cas est déserte. Heureusement cela
me permet aussi de passer par un camp (Buckhorn Campground) avec eau et
toilettes. Je retrouve là quelques uns de mes compagnons de route. Il se
dit que dans les camps, il y a souvent des visites d'ours habitués à
trouver ici quelques choses bonnes à manger. Dans ces cas, je suis
courageux mais je préfère quand on est plusieurs. La soirée est agréable
et la nuit est bonne comme d'habitude sous la tente.

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Longue, longue journée, 25 miles (40 km), mais non sans
plaisir puisque un de mes compagnons nous dit que le chemin croise une
route sur laquelle il y a un restaurant (mot magique) à un mile environ.
Il n'en faut pas plus pour nous motiver. Quand j'arrive à la route,
quelques uns de mes camarades sont là, discutant avec un "trail angel"
venu réapprovisionner sa "water cache". Il est là avec son petit camion et
nous emmène au restaurant (qui est à plus de deux miles). Il nous propose
même de nous ramener sur le chemin. La vie est belle! Nous apprendrons
plus tard qu'il est le propriétaire du restaurant.
Les sandwiches ici sont énormes.
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En route vers le gros sandwich.
L'après-midi est très longue et commence mal car je me
trompe de chemin ce qui me coûte quelques miles supplémentaires. Le
restaurant c'est super mais ça prend du temps et pour ne pas arriver après
la tombée du jour, je dois presser le pas. Finalement j'arrive à la nuit
tombante vers 20h 30 près de la "Ranger Station". Il y a de l'eau mais au
bout d'un long tuyau en caoutchouc qui lui donne un goût infecte.

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Je quitte sans regret cet endroit sans intérêt. J'ai prévu
de faire environ 18 miles et encore 18 miles demain mais vers 15h on n'est
pas loin d'arriver et un de mes compagnons suggère que nous allions 7
miles plus loin car il y a un camping à partir duquel on peut commander
des pizzas. Que ne ferait-on pas pour une pizza? J'accélère donc la marche
et vers 18h 30 nous arrivons à Soledad Canyon Road où il y a effectivement
un camping. Le camping est gardé mais quasiment vide. Il y a toutefois des
douches presque chaudes. Nous téléphonons pour avoir nos pizzas et
boissons. Nous sommes maintenant cinq à partager notre repas. Il y a là
Francis, deux jeunes américains: Maggie et Marco et Stan qui est à peu
près de mon âge. C'est du bonheur!
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Vue sur le désert de Mojave. |
En descendant vers Soledad Canyon. |

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Aujourd'hui, petite étape, 10 miles. Je devrais arriver
avant midi. Le chemin est assez facile bien qu'il faille s'élever de près
de mille mètres avant de redescendre pour passer sous l'autoroute d'Antelope
Valley avant d'arriver à Agua Dulce. C'est une petite ville mais assez
étendue comme souvent aux US. On voit qu'il y a de la place.
Mon premier objectif est bien sûr le restaurant où je retrouve mes
compagnons. Quand j'arrivent, ils ont déjà presque fini de manger et ils
ont appelé les "trail angels" (Jeff & Donna Saufley) pour qu'ils
viennent nous chercher.
Quand nous arrivons à "Hiker Heaven" (Le paradis des randonneurs), je suis
surpris par l'organisation qui règne dans les lieux. Nous sommes reçus par
Donna qui est une femme très accueillante et dynamique. Tout est propre et
parfaitement organisé. Il y a une place pour chaque chose. On commence par
se voir offrir des vêtements de rechange pour mettre nos hardes
malodorantes dans la machine à laver. On peut bien sûr prendre une douche
et avoir accès à internet et au téléphone. Des tentes sont dressées dans
le terrain avec de confortables lits de camps. Le garage est occupé en
grande partie par des rayonnages sur lesquels sont rangés les colis des
randonneurs, le reste sert de buanderie. Je récupère là ma "Bounce Boxe"
(la boîte qui rebondit) qui contient les petites affaires dont je n'ai pas
souvent besoin (médicaments, lentilles de contact, cartes etc.). Je trouve aussi
ma boîte à ours qui m'a été envoyée par une association qui prête ces
boîtes à ceux qui n'en auront plus besoin ensuite. Je fais partie de cette
catégorie. Tout est gratuit et aucun paiement n'est exigé; toutefois il
est de bon ton de glisser un billet de 20$ dans la boite portant
l'étiquette "DONATION".
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Hiker Heaven. |

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Petite journée: J'ai la possibilité avec trois
autres randonneurs d'aller, avec une voisine et amie de Donna, dans la
banlieue de Los Angeles pour acheter quelques matériels de rando. Ainsi,
je choisis une nouvelle paire de chaussures et un réchaud à gaz qui fera
merveille et me permettra de reprendre quelques kilos sur les dix que j'ai
perdus. J'ai aussi le plaisir de visiter le ranch de cette même voisine
qui est passionnée de chevaux.
De retour au "Hiker Heaven", je prépare les colis que je
dois envoyer, ma "bounce box" et mes chaussures neuves que je poste à Echo
Lake, c'est à dire quand j'en aurai fini avec la Sierra. J'expédie
également ma "boîte à ours" à Kennedy Meadows", lieu à partir duquel elle
est obligatoire.
En fin d'après-midi, je décide de partir après avoir
acheté quelques vivres, dont des pâtes et du riz, que maintenant je vais
pouvoir faire cuire. J'ai l'intention, comme le temps est calme et tiède,
d'aller dormir à la belle étoile ("cow-boy camp") et ainsi m'avancer de
quelques miles.
Il est plus de 20h et il fait presque nuit quand je
m'arrête pour camper. J'ai fait 5 miles. Le ciel s'étoile et je me couche
en regardant passer les avions qui vont atterrir à Los Angeles. Je ne dors
pas beaucoup cette nuit là, finalement je préfère le confort de ma tente.

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Vers 5h, à la pointe du jour, je repars. La journée va
être chaude. Le problème, encore dans cet endroit, c'est l'eau. On est
dépendant des "water caches" mis à notre disposition par les "trail angels".
On ne peut toutefois jamais être certains qu'ils seront approvisionner.
Ainsi on a tendance à porter un maximum d'eau.
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Départ à l'aube. |
Water cache. |
Au bout de 18 miles (29 km) et beaucoup de sueur,
j'arrive au bord de la route qui doit me mener à la "Casa de Luna". C'est
encore chez un "trail angel" réputé. Il y a là d'autres randonneurs et Joe
Anderson, le "trail angel". Nous attendons d'autres personnes encore puis
nous sommes conduits au bout de quelques kilomètres à la "Casa de Luna".
C'est un bien étrange endroit où je retrouve certains
de mes compagnons: Francis, Maggie et sa nouvelle amie Angella (une jeune
canadienne super marathonienne hyper-vitaminée), Stan et quelques autres.
Je fais la connaissance de Terrie, la femme de Joe. Il
y a des grandes glacières pleines de boissons et nous sommes invités à
nous servir. Il y a aussi les chiens et le voisin vautrés sur des canapés.
L'endroit est très convivial. Nous pouvons prendre aussi une douche et
pouvons planter la tente dans le terrain derrière la maison.

Casa de Luna. On peut voir entre autres Maggie
(en rose au centre), Angella (en noir) et Terrie, la maîtresse des lieux.
Le soir Terrie nous fait cuire un repas: haricots,
viande hachée, sauce tomates, épices. Ce n'est pas mauvais et c'est
copieux. Que demander de plus? Je fais bien sûr un tour vers la boîte
"DONATION" et hop, me voilà au lit. Comme mon voisin dans la tente d'à
côté ronfle un peu et même beaucoup, je mets mes bouchons d'oreilles et je
règle mon réveil -téléphone à 4h 30 car Joe doit partir pour nous ramener
au chemin à 5h. Résultat, mon téléphone réveille tout le monde sauf moi et
je dois finalement lever le camp en catastrophe pour ne pas faire attendre
mes compagnons.

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Le temps est orageux mais le chemin est agréable. Il fait
très chaud et l'eau se fait rare. On dépend encore des "water caches".
C'est un des principaux soucis. L'autre souci pour moi est mes pieds qui
me font souffrir. La plante des pieds me brûle. Après avoir fait environ
18 miles j'atteins la "water cache", il est 14h, l'heure la plus chaude de
la journée. Il y a là Maggie et Angella. Je décide de faire une sieste et
d'en terminer là pour aujourd'hui. Le soir, je monte la tente à proximité
et je soigne mes pieds.

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