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Mercredi 15 avril 2009 San-Diego  

 Mon voyage commence à San Diego à la pointe sud-ouest des États-Unis. La photo ci-dessus montre la maison de mon hébergeur, Bob. Il arbore comme beaucoup d'américains un drapeau dans son jardin. Devant la maison est garé le petit véhicule de tourisme de son fils. Bob est un "trail angel" (un ange du chemin). Sa vocation, en plus d'être un professeur de lycée, est d'aider les randonneurs sur le PCT. J'ai trouvé ses coordonnées sur le web et j'ai pris contact avec lui par email pour lui annoncer mon arrivée. Comme convenu, il est venu me chercher à l'aéroport  le 14 avril vers 19h dans sa "dark blue Dodge Grand Caravan license 3GTX299". J'étais à mon arrivée chez lui le premier randonneur et il m'a donné la chambre d'amis. Le lendemain sont arrivés d'abord Ron, un flic à la retraite de mon âge environ, puis Bill et Diana (un couple, la quarantaine) ainsi que Pawee et Mawee (la soixantaine, ce sont leurs "trail names" Papi et Mamie en français). Eux se sont logés tant bien que mal dans un débarras, la cuisine et le salon. En fin de journée, Bob nous a conduits dans le magasin REI de San Diego. C'est une grande chaîne de magasins aux US spécialisés dans les articles de sport.

Ici de gauche à droite, Ron, Moi, Pawee, Mawee, Diana et Bill.

J'ai pu donc acheter les accessoires qui me manquaient: bâtons de marche, chapeau avec moustiquaire et filtre à eau. La journée s'est ensuite terminée autour d'une table dans un restaurant mexicain. Nous nous sommes couchés de bonne heure car le départ le lendemain de la maison est fixé à 4h30.

 

Le parcours est visible ici:

Traditionnelle photo devant le monument du départ officiel.

Après un voyage en voiture d'une heure trente environ, nous voilà sur le lieu du départ. La nuit est encore noire. Nous avons croisé sur la route en approchant la frontière plusieurs voitures de police qui maraudent à la recherche des émigrants clandestins. Mais pas d'inquiétude... Ron m'a confié qu'il avait un révolver dans son sac pour se défendre des Aliens (comprenez les étrangers) qui ont selon lui, besoin de tout ce dont il dispose, à savoir de l'argent, de l'eau et des vivres.

Me voilà donc parti pour la grande aventure. J'ai du mal à réaliser que j'ai 5 mois devant moi et 4300 kilomètres pour atteindre la frontière canadienne. Cela me semble énorme et excitant à la fois.

Peu après le départ, le soleil commence à se lever et on peut apercevoir la nature environnante. Le terrain est vallonné et couvert de "chapparal" (sorte de maquis broussailleux typique  du sud de la Californie). Le chemin est facile, monte et descend doucement, la température est fraîche, peu au-dessus de zéro me semble-t-il. Je marche assez lentement, il y a environ 20 miles à parcourir soit 32 kms. Ce doit être assez facile.

Vers 11 heures, je suis à peu près à la moitié de mon étape, ayant parcouru environ 10 miles. Il fait maintenant assez chaud mais il y a un peu de vent; toutefois le sac est lourd. Je n'ai pas beaucoup de nourriture mais j'ai pris 5 litres d'eau. Bob nous a dit qu'il était bon d'en prendre six. En fait, je m'apercevrai que trois m'auraient amplement suffi. Sauf au départ, ou il y a un entrelacs de chemins et de routes, la direction est facile à trouver. J'utilise mon GPS sur lequel j'ai téléchargé toutes les traces. De plus j'ai un point tous les demi-miles, ce qui me permet de mesurer ma vitesse et de voir progresser mon avance. Un demi-mile toutes les 6 minutes  correspond à 3 miles à l'heure (5 km/h). C'est ma vitesse normale sur un bon terrain horizontal.

Mes compagnons de route marchent plus vite que moi mais s'arrêtent souvent aussi, nous nous doublons souvent. J'ai réussi à me débarrasser de Ron, ce qui me met entre autres à l'abri de son révolver. Je profite d'une halte de Bill et Diana pour demander à Bill s'il a déjà vu cette plante nommée "Poison Oak" dont je parle sur la page consacrée aux dangers. Il me confirme qu'il en a vu et ne tarde pas à m'en montrer. Je pense que la meilleure façon d'éviter des problèmes est d'apprendre à la reconnaître, surtout que c'est une plante d'apparence très banale.

Poison Oak.

Chaparral.

J'arrive au terme de cette étape vers 18h dans un terrain de camping près du lac Morena. Il fait encore très chaud et je suis assez fatigué. Ici, c'est tout confort, toilettes et douches chaudes. Je sais que ce ne sera pas tous les jours. Je rencontre Francis, un canadien québécois. Ça me fait du bien de pouvoir parler français. Il a une trentaine d'années et est passionné de grande randonnée. Il a parcouru l'Applachian Trail l'année précédente sur près de 2200 miles.

Dès que le soleil se couche, la température se met à tomber très vite et le matin, le givre couvre la végétation.

Le parcours est visible ici:

 

Lac Morena au petit jour.

C'était donc un peu dur de sortir du duvet ce matin. La proximité de l'eau rendait l'air humide et la condensation mouillait l'intérieur de la tente. Je suis parti vers 6 heures et déjà à 9 heures, il fait très chaud. Le manque d'habitude de marcher se fait durement sentir. Le sac est lourd et les jambes douloureuses. Heureusement je ne souffre pas d'ampoules. Suivant les conseils donnés par les autres randonneurs américains, je suis équipé de chaussures de trail qui, si elles sont plus légères que les classiques chaussures de randonnée, à mon avis, protègent beaucoup moins les pieds. Sur un bon chemin, je dois avouer que c'est plutôt confortable.

La deuxième nuit se passe encore sur un terrain de camping (Campground) mais c'est payant cette fois. Je suis encore avec mes compagnons de route d'hier et nous partageons les 20$ du prix de l'emplacement. Les emplacements sont très grands, prévus pour accueillir des RV (Recreational Vehicules) et aux US ces camping cars sont de la taille d'un autobus et généralement tractent un gros 4X4 pour aller faire les courses quand le campement est installé. Nous ne sommes vraiment pas sur la même planète!

La nourriture commence à être un problème. Pendant ma randonnée dans les Pyrénées l'année dernière, j'étais à peu près sûr d'avoir au moins deux repas (matin et soi) dans un refuge. Ici, pas de refuge, entre deux points de ravitaillement, il faut porter et préparer éventuellement les repas. J'ai par erreur, j'en serai convaincu plus tard, pris l'option de ne pas cuisiner pour m'affranchir de transporter un réchaud et ne pas avoir à courir après le carburant. J'ai donc dans mon sac des aliments qui n'ont pas besoin d'être cuits (gâteaux, beurre de cacahuète, barres de céréales, tortillas etc...).  Dés le deuxième jour, je suis très insatisfait de mon choix. En clair, c'est dégueulasse. Il va falloir que je trouve autre chose.

 

 
  Le parcours est visible ici:

Mount Laguna

 

Il y a un petit magasin  à Mount Laguna que j'atteins rapidement après mon départ. Malheureusement, il n'y a pas un grand choix, si j'exclus les boîtes de conserve et les fruits à cause du poids et tout ce qu'il est nécessaire de cuire, en gros, il ne reste que les gâteaux et les bonbons. Je me rabats tout de même sur quelques fruits et conserves, tant pis pour mon dos... Normalement, demain, je pourrai atteindre la petite ville de Julian en faisant un peu de stop. La journée est belle. Le soleil brille dans un ciel bleu et un petit vent rend la chaleur supportable. La vue sur le désert est magnifique. Il n'y a aucun arbre pour cacher la vue sur l'horizon. Mes pieds ne me font pas souffrir. J'ai quelques petites ampoules mais qui restent indolores. Pourvu que ça dure.

 

Point d'eau.

Le soir je retrouve mes compagnons près d'un point d'eau aménagé pour le bétail. Il vaut mieux filtrer. Nous ne sommes pas loin d'une aire de stationnement au bord d'une route avec des toilettes et papier. Encore une fois c'est grand luxe. Comme d'habitude le sommeil ne se fait pas attendre. J'apprécie beaucoup le soir le moment où je me glisse sous ma tente dans mon duvet.

 
  Le parcours est visible ici:

L'étape est grossièrement une longue descente qui me fait passer de 1500 à 700 mètres d'altitude. Si c'est moins fatiguant pour les jambes, l'inconvénient est la température qui augmente au fur et à mesure que l'altitude diminue. J'arrive vers 15 heures au bord de la route en un lieu nommé Scissors Crossing.

Scissors Crossing

Quand j'arrive au bord de la route, Francis m'attend assis à l'ombre. Il y a aussi de l'autre côté de la route, une voiture arrêtée et un couple qui nous interroge au sujet de notre randonnée. Ils semblent impressionnés par notre projet de rejoindre la frontière canadienne. Ils nous offrent de nous conduire à Julian. Ils sont en vacances et ne semblent pas avoir de but précis. Ils nous arrêtent devant un hôtel où ils louent également une chambre. Ils nous offrent même de nous ramener sur le chemin le lendemain matin. Je partage la chambre avec Francis. Quand nous sortons pour visiter la ville, nous tombons sur Ron qui vient d'arriver. C'est dimanche et pourtant tous les magasins sont ouverts. Pour la première fois depuis mon départ, je peux avoir un vrai repas. Je m'offre une salade en entrée suivie d'un énorme hamburger frites. Chaque plat peut facilement faire un repas. Que c'est bon de manger quand on a faim!

 

 
  Le parcours est visible ici:

  Comme prévu le lendemain, nos retrouvons nos amis chauffeurs au petit-déjeuner. Ils nous ramènent sur le chemin. Nous commençons à marcher vers 9h 30 et c'est encore une journée très chaude. Je pense déjà à demain où je devrais arriver à Warner Spring et manger un bon repas.

Le soir, j'atteins mon objectif près d'une "water cache" c'est un endroit où des "trail angels" mettent des bouteilles d'eau à la disposition des randonneurs. Sans cela, il faudrait parfois parcourir plus de 40 miles (65 km) sans eau. Le problème est qu'on ne peut pas avoir la certitude que les bouteilles seront pleines quand on arrive, mais j'ai la chance d'être parti dans les premiers et il n'y a pas trop de concurrence avec les autres randonneurs. J'ai toujours trouvé de l'eau dans les "water caches".

 
  Le parcours est visible ici:

  La journée commence mal, par une erreur de navigation. Ça, c'est vraiment désagréable surtout quand il faut remonter ce que l'on a descendu.

J'arrive vers 15h 30 à Warner Spring après un court voyage en stop. Là, c'est quasiment paradisiaque. Il y a un camp de vacances avec des petits bungalows, un restaurant, une piscine d'eau chaude, PC avec internet pour documenter mon blog et lire mon courrier, tout ce qu'il faut pour reposer un randonneur fatigué. Donc au programme, restaurant, piscine, laverie, nuit dans un grand lit, la vie est belle.

 Warner Spring

 

 
  Le parcours est visible ici:

Après un bon petit déjeuner et un court voyage en stop, me voilà reparti vers 9h. J'ai dormi près de 11h, le chemin est horizontal et court dans une immense prairie. C'est là que je passe près d'un endroit des milliers de fois photographié: Eagle Rock.

C'est un empilage naturel de rochers qui sous un certain angle rappelle un aigle. C'est surtout l'occasion de faire une petite pause.

Vers 17h 30 j'arrive à mon objectif, Chihuahua Valley Road. Il y a là une "Water cache"  Je plante ma tente près de celle de deux autres randonneurs que je n'avais pas rencontrés avant. A peine suis-je installé qu'arrive un énorme 4X4, voiture ou camion, je ne saurais le dire. Il y a là quelques jeunes qui nous invitent à visiter leur maison à quelques miles de là pour manger et boire. J'hésite un peu arguant que j'ai besoin de sommeil mais le chauffeur m'assure qu'il me ramènera quand je voudrai. J'accepte et me voilà parti. Au bout de quelques minutes, nous arrivons près d'une maison ou cabane, faite de planches et de tôles au milieu de nulle part. Il y a là une quinzaine de personnes autour de barbecues, buvant des bières. L'ambiance est festive et on m'offre à manger et à boire. Après une journée torride sous le soleil, il fait maintenant assez froid et j'entre dans la maison. Il y a là un vieil homme noir qui me raconte sa vie de galère et m'explique que maintenant, il est content de son sort, il a un toit, à manger et à boire en échange de menus services. Il garde les lieux en l'absence du propriétaire. Il est comme chez lui, m'offre du Coca que je préfère à la bière. Il me dit qu'il dort toujours par terre comme il l'a fait toute sa vie.

Après avoir mis 20$ dans la "donation box" comme la coutume l'exige, je demande à mon chauffeur d'un soir de bien vouloir me ramener à mon campement. Nous nous quittons chaleureusement.

 
  Le parcours est visible ici:

J'arrive à Camp Anza, un lieu improbable dans une immense plaine, un village fait de petites maisons, cabanons, camping cars, caravanes, un endroit où vivent principalement des retraités assez pauvres à la recherche  d'un endroit calme et bon marché. Des routes de terre toutes droites desservent les terrains privés clos de barbelés. C'est assez triste comme lieu. Je croise de temps en temps une voiture qui soulève un énorme nuage de poussière. J'ai été rejoint par Francis et nous atterrissons dans un terrain de camping avec douche chaude et un petit magasin d'épicerie. J'aurai toujours le souvenir de cet épicier auquel je demandais s'il avait des yaourts. Il ne comprenait pas ce que je voulais. Je ne prononçais pas correctement "yoghurt". Quand il a fini par comprendre après que j'ai essayé de le prononcer de différentes façons, il m'a fait répéter bon nombre de fois jusqu'à ce que j'y arrive correctement. Si tu me lis: "Merci l'épicier".

Il est fait mention dans notre guide, qu'il y a un "trail angel" dans le coin. Nous lui rendons visite à quelques centaines de mètres de notre camp. C'est un couple assez âgé qui vit dans une caravane et l'homme nous explique qu'il en a déjà trop fait pour les randonneurs et qu'il s'est mis à la retraite maintenant. Il semble assez désabusé. Peut-être regrette-t-il le peu de reconnaissance qu'ont eu les gens qu'il a aidés, toutefois, il accepte de nous ramener sur le chemin le lendemain matin. Nous lui offrons le paiement de sa course mais il refuse.

 
  Le parcours est visible ici:

Aujourd'hui, nous ne faisons qu'une dizaine de kilomètres. Nous avons l'intention d'aller en stop à IdyllWild et de prendre une journée de repos. En effet, le chemin croise une route sur laquelle, à un mile environ, il y a un restaurant réputé dans lequel Francis et moi avons décidé d'aller avant de faire du stop pour Idylwild. On n'en rate jamais un. Arrivés sur cette route, nous nous dirigeons vers un parking où nous espérons trouver un "lift" (un véhicule pour nous prendre en stop). Il y a là deux randonneurs qui rangent leurs sacs dans leur voiture. Ils acceptent de nous conduire jusqu'à ce restaurant appelé "Paradise Café".

Nous partageons tous les quatre un copieux petit déjeuner. Ils nous expliquent qu'ils se rendent à l'ADZPCTKO. Comprenez: "Annual Day Zero Pacific Crest Trail Kick Off". C'est la réunion annuelle des randonneurs du PCT qui officialise le début de la saison de randonnée. Ils nous proposent de nous joindre à eux et nous acceptons. Ils insistent aussi beaucoup pour nous payer le petit-déjeuner.

 

La réunion a lieu traditionnellement près du Lac Morena où nous avons campé 8 jours auparavant. Là bas, il y aura beaucoup de monde et nous n'aurons pas de mal à trouver un "lift" pour revenir.

ADZPCTKO

 
Samedi 25 avril 2009 Lake Morena  Zero day

La participation à la fête est entièrement gratuite pour les "PCT Hikers". On peut y manger à volonté et il y a beaucoup de stands d'animations tenus par, entre autres, les rangers qui nous explique comment se comporter vis à vis de la faune et de la flore et en particulier des ours, la poste qui explique le fonctionnement des postes restantes et les différents tarifs. D'autres randonneurs expérimentés montrent comment se fabriquer un réchaud à alcool avec une boite de Coca ou dissertent sur les avantages de la "tarp tent" (bâche) et de la façon de randonner "Ultra Leger" et bien d'autres choses encore. Il y a aussi des commerçants qui vendent des vêtements et équipements de randonnée. C'est bien sûr un endroit pour rencontrer d'autres randonneurs.

                         

 

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La dernière mise à jour de ce site date du17/02/10