Dimanche 26 avril 2009 |
Zero day - Retour en voiture du Lake Morena à Idylwild |
|
Nous restons là le week-end et le
dimanche après-midi nous trouvons une voiture pour nous mener à Idyllwild

La "petite auto" qui me ramène à Idylwild.
Comme convenu j'arrive à Idylwild en fin de matinée. Je
trouve
un bien charmant hôtel "Hiker friendly" (où les randonneurs sont les
bienvenus). Je partage un petit bungalow avec Francis et l'hôtelier s'occupe de
ma
lessive. C'est encore une journée placée sous le signe de la bouffe.
Profitons-en...
Mon hôtel à Idylwild.

|
Le parcours est visible ici: |
 |
La route en stop pour revenir sur le chemin est assez
pénible et se fait en deux étapes. J'arrive sur le chemin vers 10 heures.
Il ne fait pas trop chaud mais le sac est lourd. J'ai trois jours de
nourriture et quatre litres d'eau au départ. Il y a du vent mais ça monte un
peu. Je vais passer de 1500m à plus de 2200 et je dois rencontrer demain
la neige sur les pentes du mont Jacinto.
Le
soir, il y a beaucoup de vent. J'ai dressé ma tente près de celles
d'autres randonneurs. Nous sommes sur une crête assez exposée, mais je
suis confiant, ma tente a fait la preuve l'année dernière qu'elle résiste
bien au vent. Il faut toutefois bien l'arrimer. Il y a
une source à 1 km environ en contrebas mais il me reste 2 litres d'eau et
je prends le risque. Il y a une autre source plus loin et à cette saison
elle ne doit pas être tarie. J'ai un peu la flemme et je suis bien dans ma
tente à l'abri du vent. Certains autres randonneurs sont dans la galère.
Ils ont du mal à planter la tente et ceux qui n'ont pas de tente ou
seulement une bâche sont exposés au vent et la poussière. Ils auront du
mal à dormir.

|
Le parcours est visible ici: |
 |
Je repars le matin vers 7 heures. Avec l'altitude qui augmente, la
température descend et je commence bientôt à voir les premières taches de
neige. Je rencontre d'autres randonneurs qui m'invitent à la prudence. Il
semble que plus haut il y a beaucoup de neige. Enfin vers 18 heures je
suis dans un lieu nommé "Deer Springs Camp" (Camp des sources du
chevreuil). En fait, je n'ai pas trouvé de camp et il est bien difficile de
trouver un endroit entre les névés pour planter la tente
Premiers névés et vue sur le mont Jacinto.

|
Le parcours est visible ici: |
 |
Ce matin, je suis assez inquiet pour la suite.
La neige est gelée et avec mes petites chaussures de trail, ça glisse pas
mal. Enfin, si ça va trop mal, il y a un chemin pour retourner directement
à Idylwild et de là, je pourrai trouver un moyen par la route pour
contourner ce passage difficile.
 Où est le
chemin? Effectivement, le chemin
continue à monter jusqu'à environ 2800 mètres et il est
complètement recouvert de neige. Il est impossible de le suivre.
Heureusement j'ai mon GPS avec un point précis tous les 1/2 mile (800
mètres). Quelques passages sont assez périlleux. La neige devient
toutefois plus molle au fur et à mesure que la matinée s'avance. Le chemin
passe à flan de montagne dans la forêt et les glissades sont nombreuses.
Finalement, tout cela fait qu'il me faut 5 heures pour en terminer avec la
neige et arriver au point culminant: Fuller Ridge. Je n'ai couvert que 8
kilomètres à midi. Il me reste deux litres d'eau et 24 kilomètres à parcourir
sans point d'eau. Je pense que je vais souffrir.

En descendant de Fuller Ridge. Finalement, le chemin est
facile et descend régulièrement. Je peux presque courir parfois. Ma
moyenne qui était de 1 mile à l'heure (1,6 km/h) passe à 3 miles à
l'heure. J'arrive dans la vallée, près du point d'eau vers 19 heures. Je
pense que je me souviendrai toujours de cette journée.

|
Le parcours est visible ici: |
 |
Après une bonne nuit de sommeil, il ne me reste
que quelques kilomètres à parcourir pour atteindre la route. Une mauvaise
surprise m'attend toutefois au réveil. En effet mon duvet est
partiellement mouillé. J'ai dû me coucher sur l'embout de mon CamelBack et
l'eau a coulé dans la tente. Il me faudra le faire sécher aujourd'hui
même. J'ai l'intention de repartir demain. La route qui
mène à Manning où j'ai l'intention d'aller est en fait une autoroute sur
laquelle il est interdit de faire du stop. Il y a bien une petite route
parallèle mais elle est vraiment très peu passante et ne mène qu'au
village d'à côté. Avec Francis, nous attendons près d'une demi-heure sans
voir un seul véhicule. Soudain, une voiture de police apparaît au loin.
Pourquoi ne pas tenter notre chance? Elle s'arrête. Un policier en
sort, nous interroge, s'assure que nous ne transportons rien d'illégal et
nous enferme à l'arrière de son véhicule. C'est comme dans les films. Un
grillage sépare les sièges avant et arrière. Il y a deux fusils à portée
de main des passagers avant. La banquette arrière est faite de plastique
très dur et il n'y a pas de place pour poser les pieds. L'inconfort est
total. On fait comme cela quelques kilomètres jusqu'à Cabazon, célèbre
pour ses dinosaures en béton.
 |
 |
Cabazon,son dinosaure, son restaurant.
 Le meilleur moment...
Qu'il est bon de manger quand on a faim! Pas de retenue, pas d'arrière
pensée du genre "Ça va me faire grossir" ou "C'est gras, c'est pas bon
pour mes artères". En général dans les restaurants US les assiettes sont
grandes et bien garnies et les boissons sont à volonté, c'est un forfait,
dès que le verre est vide ou presque, la serveuse vient le remplir ("Free
refill" ils appellent ça). Que
c'est agréable, un grand Coca bien frais, à volonté, après avoir bu de
l'eau tiède et parfois d'un goût douteux pendant trois ou quatre jours sous
un soleil de plomb! Après avoir discuté avec la serveuse de
notre voyage et nos projets elle nous dit qu'elle va bientôt quitter son
service et sera en mesure de nous conduire à Banning.
Banning est une ville assez importante mais sans grand
intérêt, construite tout en longueur le long d'une route assez passante,
elle nécessite pour s'y déplacer de posséder une voiture ou d'être bon
marcheur. On fait partie de la deuxième catégorie. Après
avoir emménagé dans un hôtel, je vais d'abord à la laverie pour ma
lessive et faire sécher mon duvet, après c'est la bibliothèque municipale
qui est sensée offrir un accès internet. Là, j'ai dû attendre une heure
pour avoir droit à un quart d'heure d'accès. C'est juste suffisant pour
lire les mails et envoyer un message pour rassurer la famille. Internet
est pour moi le meilleur moyen de communication. Avec le décalage horaire
de 9 heures, je ne peux téléphoner que le matin et jusqu'à 13 heures
maximum, de plus, il est bien rare que le portable fonctionne sur le
chemin. Enfin, comme d'habitude la journée se termine avec
un bon repas bien copieux.

|
Le parcours est visible ici: |
 |
Le stop
sur la bretelle de l'autoroute prend une bonne heure avant qu'on tombe sur
un gars sympa, "Hiker friendly", puisque "hiker" lui-même à ses heures.
Avec son gros 4X4, il va jusqu'à l'entrée du chemin.
 |
 |
Le mont Jacinto s'éloigne. |
Champs d'éoliennes |
 |
 |
|
Whitewater river |
Cette journée a été facile et agréable, pas trop de "up and down" (montées, descentes),
pas trop chaud, 26 km seulement. Je quitte la plaine en traversant des
champs d'éoliennes pour grimper un peu dans la montagne puis redescendre
dans une vallée que je suivrai pendant deux jours. Je plante donc la tente
dans la vallée de Mission Creek près du petit ruisseau. La nuit est belle
malgré le vent fort. Encore une fois je suis bien content d'avoir une
bonne tente.

|
Le parcours est visible ici: |
 |
Aujourd'hui, 32km. Malgré le vent, la journée est
encore assez facile. La principale difficulté, c'est de trouver le chemin
dans la vallée. La rivière que l'on peut traverser d'un bond doit être un torrent impétueux à
la fonte des neiges. Il doit emporter tout sur son passage, y compris les traces
du chemin. Par endroit, le peu de végétation qui subsiste a subit des
incendies, ce qui rend le paysage un peu tristounet. Après la vallée, le
chemin s'élève dans la montagne pour atteindre près de 2600 mètres.
Évidemment, la température baisse, mais malgré mes craintes, je ne
rencontre pas de neige. Je ne fais que l'apercevoir sur les sommets
environnants. Je suis maintenant dans les forêts de sapins et il est plus
rare de pouvoir admirer les lointains paysages.
 |
 |
Traces d'incendie. |
Forêt de sapins. |
 |
 |
Neige sur les sommets. |
Brume dans la vallée. |

|
Le parcours est visible ici: |
 |
Le sac est léger, le temps n'est pas trop chaud. Après un ou deux "up
and down", ça descend. Je fais environ 30 km pour atteindre la route qui
descend à Big Bear City (la ville du grand ours). Une bonne surprise
m'attend au détour du chemin, un "trail angel" sponsorisé par un hôtel de
la ville a mis à la disposition des "hikers" une glacière pleine de
boissons et de fruits frais. De plus, un vieux fauteuil permet de prendre
quelques instants de détente.

La vie est belle!
Arrivés à la route, après une courte attente, une camionnette de
plombiers nous mène au Nature's Inn. Nos sympathiques compagnons nous
offrent des bières fraîches et se font photographier avant de nous
quitter.
 |
 |
Nos amis plombiers. |
Nature's Inn |
C'est un hôtel très accueillant avec des chambres à plusieurs
lits bien propres, un salon avec des jeux, télé et internet. Pas très loin
il y a la poste qui semble jouer un rôle important pour les randonneurs du
PCT. Quand on arrive là, on est invité à se faire photographier et ainsi
on peut avoir sa photo sur le mur du bureau de poste. Il y a un
grand tableau pour chaque année rempli de photos de randonneurs. Il y a
aussi un restaurant très "hiker friendly" également. Pour moi, c'est un
point très important. Finalement, je prends un jour de repos ici, un "zero
day"" dans le jargon "hiker".
Lundi 4 mai 2009 |
Big Bear City |
Zero day |

|
Le parcours est visible ici: |
 |
C'est la patronne du restaurant qui nous ramène le lendemain à l'entrée
du chemin. Il est vrai qu'au cours des deux derniers jours, nous avons dû
faire monter sérieusement son chiffre d'affaire. Nous sommes maintenant
sept ou huit à loger au Nature's Inn et prendre nos repas chez elle. De
plus un "hiker" ça bouffe pas mal! Nous nous empilons donc après un
copieux petit déjeuner à l'intérieur de son gros 4X4 avec nos sacs à dos.

Retour sur le chemin.
C'est une belle étape facile d'une trentaine de kilomètre entre 2000 et
2300 mètres d'altitude. Pas de grosse chaleur, pas de gros dénivelé, la
vue sur le lac. Le "Big Bear Lake" est superbe. En fin de
journée, le chemin traverse une zone ravagée par les incendies et le
spectacle est un peu triste.
 |
 |
Big Bear Lake |
Traces d'incendie. |
Le soir je m'arrête à "Little Bear Spring Trail Camp" (tout un
programme). C'est donc un camp avec de l'eau, mais dans un coin de forêt
brûlée. La terre est couverte de cendres, ce qui fait que c'est assez
poussiéreux.

|
Le parcours est visible ici: |
 |
Ce matin, je pars à 6 heures, l'endroit n'est pas très plaisant et je
n'ai pas envie de m'attarder. Je pense arriver vers midi à un parking où
j'espère trouver une voiture pour m'amener à Shelter Cove au bord du lac
Arrow Head.
Bien que mon guide faisait état d'un parking avec beaucoup d'activité,
il n'y a pas une seule voiture et j'oublie mon rêve d'un bon repas. Je
reprends ma route après avoir téléphoné avec mon portable en profitant de
la proximité d'une ville. Le chemin est agréable dans une vallée très
encaissée, en suivant la rivière "Deep Creek".
En
fin d'après-midi, je monte la tente sous le panneau "camping interdit". Il
y a là des sources chaudes qui se déversent dans des petits bassins où il
fait bon se baigner dans de l'eau à 40°C environ. La nuit est tombée quand
je me baigne avec mes compagnons du moment. L'air est frais mais l'eau est très chaude! Il y
a beaucoup de monde ici durant la journée. C'est cela qui explique les interdictions de camper. Il est vrai que
l'endroit est assez sale avec des papiers gras et des canettes vides. Les
randonneurs "au long cours" comme nous, sont très respectueux de
l'environnement et tout au long du PCT, je n'ai jamais vu de traces de
notre passage.

|