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Me voilà reparti vers ce qui me semble être une
nouvelle aventure. En effet beaucoup de choses ont ou vont changer. J'ai
changé de
chaussures. Ceci peut paraître un détail qui vous fait sourire mais quand
on marche, les pieds, c'est qui est le plus important. J'ai maintenant de
solides chaussures de marche semblables à celles que j'avais l'année
dernière pour traverser les Pyrénées. J'ai aussi attaché à mon sac, la
fameuse "boîte à ours". C'est 1,2 Kg supplémentaire à porter mais ça sert
de siège lors du bivouac. Je dois aussi bientôt voir changer le paysage.
En effet, l'altitude ajoutée à la latitude devrait rendre le climat moins
aride et la végétation plus dense et verdoyante.
Le sac est lourd. Ma boîte à ours est pleine avec huit
jours de nourriture. La plupart des gens avec lesquels j'ai parlé hier,
m'ont dit que leur prochaine étape est Vermillon Valley Resort à 170 miles
(275 km). Je ne pense pas que j'irai jusque là sans escale.
Une autre chose occupe mes pensées, c'est le temps. Le
ciel est bien gris et je pense l'avoir déjà écrit, je crains la pluie par-dessus tout.
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Mon sac avec la "boîte à ours" |
En quittant Kennedy Meadows |
Je marche toute la journée sans rencontrer personne. Ce
sentiment de solitude me donne une impression étrange, comme un sentiment
de liberté absolue. Je suis absolument libre et responsable de mes actes.
Je ne dépends de personne. S'il m'arrive quelque chose, personne ne le
saura, mais que peut-il m'arriver? On peut toujours imaginer des scénarios
catastrophes mais objectivement la probabilité est très faible et je
n'éprouve aucune crainte.
Durant la nuit,
il y a une petite pluie mais juste de quoi m'inquiéter. Je me suis arrêté
après 32 km auprès d'un petit ruisseau comme je les aime.

Le parcours est visible ici: |
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J'ai bien du mal à me faire au poids du sac, mais à
part ça tout va bien. Je marche toute la journée en faisant une seule
rencontre, Kurt, un jeune randonneur qui voyage très léger, il n'a pas
jugé utile de porter une "boîte à ours". Évidemment, il marche plus vite
que moi. Il m'avait doublé hier peu après mon départ et là c'est moi qui
le double. Il est assis, tout triste, en se faisant chauffer un thé. Il a
mal à un pied. Je vois que je ne suis pas seul à avoir du mal à supporter
les chaussures légères. Après avoir fait preuve de compassion, je continue
ma route.
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Vers le nord, les montagnes se profilent. |
Les premières neiges de la Sierra. |
En milieu de journée, comme hier, le ciel se couvre et
j'ai droit à une petite pluie de grésil. Comme hier aussi, le ciel se
dégage en fin de journée et je m'arrête auprès d'un petit ruisseau.
J'apprécie toujours le calme et la solitude.

Campement dans la Sierra

Le parcours est visible ici: |
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Chicken Spring Lake (Lac de la source du poulet). |
La journée est sous le signe de la neige. Ça devient
une habitude, après une belle matinée, le temps se gâte. Aujourd'hui, j'ai droit
à un orage de neige. L'orage n'est pas violent mais tout est blanc autour
de moi. Inutile de dire qu'il ne fait pas chaud. J'ai mis mes gants et mon
vêtement de pluie. Je monte au-dessus de 3500 mètres et quand je plante ma
tente, il pleut encore un peu. Tout est humide, même le duvet. La nuit ne
sera pas chaude.

Le parcours est visible ici: |
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Aujourd'hui, je passe près du mont Whitney (le plus
haut sommet des Etats Unis, excepté l'Alaska, à 4421 mètres). J'avais dans
mes prévisions d'en faire l'ascension qui est assez facile. Il n'y a que
des rochers, pas de glaciers ni trop de neige à cette saison. Bien
qu'ayant une altitude proche de celle du Mont Blanc (4810 mètres), la
latitude ici est celle du sud de l'Espagne. Si j'en fait l'ascension, je
ne prendrai qu'un minimum d'équipement. Il me faudra camper au bord du
chemin et faire l'aller et retour dans la journée. Par beau temps cela ne
doit pas poser trop de problème. Malheureusement de ce côté là, ce n'est pas
l'idéal. Je n'ai pas envie de monter là-haut pour me retrouver dans les
nuages. J'ai aussi un problème de nourriture. Il me faudrait un jour de
plus. Je renonce donc à ce projet.
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Le matin, le ciel est bleu |
Ça se couvre vers midi. |
J'ai aussi une inquiétude. Elle concerne le col de
Forester Pass (le plus haut col du PCT à 13180 pieds soit près de 4000
mètres) qui maintenant est à 20 miles (32km) devant moi. C'est à la fois
un peu long et un peu court. En effet, si je tente de le passer
aujourd'hui, je risque d'être bien tard en haut et il me faudra continuer
pour redescendre de l'autre côté afin de trouver un endroit sans neige
pour camper. Par contre si je m'arrête avant, je risque d'être d'assez
bonne heure en haut et de trouver une pente gelée de l'autre côté. En
effet, me dirigeant vers le nord, chaque fois que je passe un col, je me
retrouve souvent avec une descente sur la face nord donc gelée
principalement le matin.
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Sur le chemin de Forester
Pass. |
Je prendrai la deuxième option. Si c'est trop gelé pour
descendre, j'attendrai le dégel. Je m'arrête donc vers 14 heure, ce qui
me permet de prendre un peu de repos. En fin d'après-midi, je suis rejoint
sur mon campement par un groupe de quatre randonneurs du PCT qui vont être
mes compagnons pour la traversée de la Sierra. Il y a là Adam, un grand
gaillard, la trentaine, ancien marine, Andy, un anglais, la trentaine
également et un jeune couple américano-italien Dan et Anna aussi appelés
DnA (prononcer Di-ène-é), tous les quatre sont très sympathiques. Nous
faisons un feu de camp. Tous, sauf Adam portent des chaussures légères et
ils ont besoin de les sécher.

Le parcours est visible ici: |
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Il fait encore très froid ce matin. Il y a de la glace
partout, à l'intérieur comme à l'extérieur de la tente. Le ciel est très
clair. A peine ai-je fait quelques kilomètres que j'arrive sur la rive du
torrent Tyndall Creek. Ce n'est pas un gros torrent mais il y a au moins
30 cm d'eau et pas un caillou ou tronc d'arbre pour aider à traverser sans
se mouiller. Je pose mes chaussures et chaussettes et je mets mes tongues
pour traverser. C'est vraiment très froid!
La montée au col ne pose pas trop de problèmes. La
neige est gelée et dure et la pente n'est pas trop forte. Malheureusement,
je me trompe de route car sans regarder mon GPS, je me dirige vers ce que
je crois être le col. Le terrain est très rocheux mais à l'endroit où je
me suis trompé, le chemin est caché sous la neige.
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Forester Pass est à gauche, je le
croyais à droite. |
En arrivant à Forester Pass |
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De l'autre côté du col. |
Le début de la descente ne pose pas trop de problèmes.
La neige n'est ni trop molle ni gelée. La pente est assez raide et le
chemin bien sûr invisible. Là où ça ce complique, c'est quand j'arrive
plus bas dans une immense vallée assez plate et couverte de neige molle
dans laquelle je m'enfonce parfois jusqu'à la taille. Il faut ensuite
reprendre pied au prix d'un gros effort pour replonger un ou deux pas plus
loin. C'est véritablement exténuant. Il n'est pas possible de suivre un
chemin quelconque. J'essaie simplement de me guider le mieux que je peux à
l'aide du GPS.
Enfin vers 16h 30 je rejoins mes nouveaux camarades qui
se sont arrêtés à Vidette Meadow peu avant le chemin qui mène à
Independence (via le col de Kersarge).

Le parcours est visible ici: |
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Cette journée doit nous mener à Lone Pine de préférence
à Independence qui est une toute petite ville. Mais avant d'arriver là, il
faut passer le col de Kersarge Pass à 3600 mètres. Pendant la montée, le
chemin est facile à suivre mais peu avant d'arriver en haut, la neige se
met à tomber en abondance. Avec le vent, il fait très froid. C'est une
véritable tempête de neige qui nous accueille au col. La descente, surtout
la première partie s'effectue sous la neige. Le chemin est encore
difficile à trouver par endroit mais dans l'ensemble ça va. La perspective
d'un bon repas et d'un peu de confort aide aussi.
Quand j'arrive au parking, mes compagnons sont là et
attendent une voiture qu'ils ont commandée avec leur portable. Nous sommes
réfugiés dans les toilettes du parking qui aux US comme tout le reste sont
très spacieuses. Un peu de chaleur au sec fait le plus grand bien.

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Dan pique-nique bien au chaud dans les toilettes. |
Bientôt notre voiture arrive. C'est un mini van. Le
chauffeur est très sympathique. Il nous conduit à Lone Pine et nous fait
faire la tournée des hôtels pour que nous trouvions celui qui nous
convient le mieux.
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Bullfrog Lake |
En montant à Kersarge Pass |
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Notre hôtel à Lone Pine |
Jeudi 4 juin 2009 |
Lone Pine |
Zero day |
Ici, l'ambiance est très différente de la montagne.
Déjà, il fait relativement chaud et je profite de la piscine de l'hôtel.
Je fais aussi de fréquentes visites dans mon restaurant préféré "SUBWAY"
qui fait des sandwichs merveilleux. Je partage la chambre avec deux de mes
nouveaux amis Andy et Adam.
Nous pouvons voir les montagnes au loin et constater
qu'aujourd'hui plus qu'hier, elles sont couvertes de neige fraîche.

Les montagnes sont bien blanches.
Vendredi 5 juin 2009 |
Lone Pine |
Zero day |
Nous restons encore une journée ici, mais il semble que
la neige fond rapidement sur la montagne, nous partirons demain. Nous
avons rencontré ici un autre randonneur au long cours Indy, un jeune
américain. Nous formons donc maintenant un groupe de six.

Le parcours est visible ici: |
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Ce matin, nous prenons le bus vers Independence.
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Le ciel est couvert mais la neige a un
peu fondu. |
Auto-stop. |
Le stop sur une route déserte, ce n'est pas évident.
Près de là où nous sommes, il y a un petit musée et dans ce musée il y a un
groupe de touristes qui sont venus passer le temps. Andy réussit à les
convaincre qu'ils seraient mieux dehors et qu'ils pourraient par exemple
nous accompagner dans la montagne, enfin jusqu'au parking, avec leurs
voitures.
Nous nous répartissons donc dans leurs quatre voitures.
C'est là que je tombe sur un couple franco-allemand émigré aux Etats Unis.
La femme est française et comme moi, heureuse de pouvoir utiliser sa
langue maternelle.
Je repasse donc le col de Kersarge Pass que j'ai
franchi dans l'autre sens deux jours plus tôt. La journée n'est pas trop
dure, la neige a fondu, le ciel n'est pas tout bleu, il fait plutôt froid
mais il ne tombe rien. Nous campons près d'un lac, Charlotte Lake.
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Campement près de Charlotte Lake. |
Autour de notre camp, nous pouvons voir des traces de
pas laissées par un ours. Près de notre campement, il y a un coffre
métallique destiné aux campeurs pour mettre la nourriture et tout ce qui
peut intéresser les ours. Nous rencontrerons souvent ce genre de coffre
pendant toute la traversée de la Sierra et même au-delà. Bien sûr, nous en
faisons usage.

Le parcours est visible ici: |
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Ce matin, il fait vraiment très froid. Il semble que
dans la neige, pas loin de nos tentes, il y a de nouvelles traces de
pattes d'ours, mais nous n'avons rien entendu pendant la nuit. Il est vrai
que, je pense que tout le monde est comme moi et a le sommeil lourd.
Nous devons passer encore un col aujourd'hui, Glen Pass.
En fait pendant plusieurs jours maintenant, nous aurons un col important à
passer chaque jour.
Il n'y a pas beaucoup de neige mais, elle est fraîche,
ce qui signifie qu'il n'y a aucune trace de pas qui puisse nous aider à
trouver la route. Heureusement, nous avons un expert, Adam. Je ne sais pas
s'il a acquis cela pendant sa formation de marine mais il est vraiment
très à l'aise avec une carte et une boussole.
L'objectif est d'approcher au plus près de Pinchot Pass
qui est le prochain col. Finalement, nous n'irons pas aussi loin que prévu
et vers 15h 30, nous trouvons un bel endroit pour camper près de la rivière
Wood Creek.
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Au col de Glen Pass |
Neige fraîche sur les sommets. |
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En descendant de Glen Pass. |
Rae Lake. |

Le parcours est visible ici: |
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Aujourd'hui, au menu, il y a Pinchot Pass. Comme on le
voit sur le profil, le col est à près de 3700 mètres, après une montée de plus
de 1000 mètres. Il y a aussi trois traversées de torrent (je ne mets
pas des "s" à torrent parce que c'est trois fois le même). Résultat: en
traversant sur un tronc mouillé, je glisse et mets un pied dans l'eau et
Adam, lui, laisse tomber son appareil photo. Il ne le retrouvera pas. A cause
de la fonte des neiges, il y a beaucoup d'eau dans les torrents.
La montée au col était relativement facile, sauf peut-être vers la fin où la pente était assez raide et il faut se faire une
trace là où ça semble le plus facile. Quant à la descente, pas de problème
si ce n'est que vers la fin la neige était très molle et on s'enfonçait
beaucoup. Le temps s'est aussi couvert en fin d'après-midi et nous avons
eu droit à quelques chutes de grésil. Quand on a monté la tente nous
étions dans le brouillard. Bien sûr, tout est humide, la tente mais aussi
le duvet qui est moite. Il ne reste qu'à espérer que demain il y aura un
peu de soleil pour sécher tout ça. En attendant, un feu de camp permet de
faire sécher les chaussures.
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En montant à Pinchot Pass. |
Du côté de Marjorie Lake. |

Le parcours est visible ici: |
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Le col du jour, c'est Mather Pass (3700 mètres). Je
pars le premier, il fait beau. Le début du parcours est très facile dans
une grande vallée où il n'est toujours facile de trouver le chemin comme
d'habitude mais la neige est dure. Je suis rejoint par mes camarades avant
la dernière montée qui est assez raide. Le piolet est utile. Il vaut mieux
ne pas glisser.
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Vers Mather Pass |
Andy, Indy et Adam au col. |
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Retour dans la vallée |
Rencontre. |
La descente est facile et régulière. C'est vraiment une belle étape.

Le parcours est visible ici: |
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Nuit très froide, tente gelée, dedans, dehors. J'en ai
un peu marre d'avoir froid. De plus, ce matin, nous sommes dans le
brouillard. Peu à peu, toutefois, le ciel se dégagera partiellement. La
montée est assez dure et très longue. Elle se termine
auprès de la célèbre "Muir Hut" du nom de John Muir, un écrivain amoureux de
la nature auquel on a dédié entre autres, le John Muir Trail. Bien sûr on
fait une halte à cet endroit et on retrouve d'autres randonneurs.
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En montant à Muir Pass |
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John Muir Hut. |
La descente est aussi très longue dans une grande vallée
plate. Le soleil nous a quittés et dans l'après-midi la neige se met à
tomber. Nous marchons dans la neige molle. La journée se termine à McClure Meadows.

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